Voyage au pays des pigeons

PASSION • Alors que se tient, ce week-end, le congrès national de la Fédération colombophile française au Sportica de Gravelines

 Ce week-end, plus de 1000 pigeons sont exposés dans un Sportica métamorphosé en colombier géant.

Pour la troisième fois de son histoire, la salle Sportica à Gravelines sera, l’espace d’un week-end, la capitale française de la colombophilie. L’occasion de découvrir 1 000 volatiles et leurs propriétaires dont la majorité sont issus de notre région.

PAR LAURENT GUENNEUGUES ET PIERRE-LAURENT FLAMEN
region@lavoixdunord.fr
PHOTOS JEAN-CHARLES BAYON « La passion du pigeon, on la ressent vraiment quand il revient. On est dans le jardin, on guette, souvent avec des amis, le téléphone à portée de main. Et puis, on voit un point dans le ciel, on n’est pas certain que c’est lui et il arrive. » La première région colombophile de France, le Nord - Pas-de-Calais, n’a probablement pas choisi par hasard Alain Pocholle comme porte-parole, chargé de communication et transmetteur de virus. Pour cet homme dont les yeux brillent dès qu’il parle de son sport, le pigeon n’est qu’invitation au voyage… Tenez, interrogez-le sur la victoire éventuelle au niveau national d’une de ses pouliches et la mémoire se met en branle : « C’était en juin  1996, le 27 je crois. Ce qui est certain, c’est qu’elle est arrivée à 22 h 53. Elle était première en revenant de Pau. c’est comme ça que je l’ai appelée, la Pau. » Et Alain Pocholle de couver d’un oeil paternel la petite-fille de cette Pau toute en plumes. Aujourd’hui et demain, la petite-fille de Pau sera à Gravelines avec 1 000 autres de ses congénères. L’occasion pour les représentants des quelque 19 000 colombophiles du pays de relancer leur passion auprès du grand public.

Plus de 50 % des effectifs nationaux
C’est que le pigeon voyageur veut continuer à écrire sa propre histoire. Une histoire où il a surtout servi de messager. Comme à Verdun ou sur d’autres théâtres de tragédies bien humaines. Un pesant héritage qui vaut à la France colombophile d’être encore divisée en 21 régions, à l’origine militaires, possibilités de réquisitions obligent.
Et puis au XIXe siècle, derrière les Belges, les ouvriers du Nord - Pas-de-Calais se sont accaparé le volatile. Les mineurs en tête qui s’offraient ainsi le coin de ciel bleu qu’ils n’avaient pas au fond. Les gars du textile et ceux du littoral ont suivi. Rien d’étonnant dès lors, à ce que le Nord - Pas-de-Calais, avec ses quelque 10 000 colombophiles, pèse plus de 50 % des effectifs nationaux.
Il n’empêche, même au pays du pigeon roi, la colombophilie perd des plumes. «
 Dans les années 70-80, il y a eu plus de 16 000 colombophiles dans la région, reprend Alain Pocholle. Le déclin est dû à l’urbanisation, à l’offre de loisirs qui s’est élargie, à la désindustrialisation. On n’a pas su non plus s’adapter au baby-boom. Aujourd’hui, 60 % des retraités vont vers l’associatif, il n’y a pas de raison qu’ils ne viennent pas chez nous. » Du coup, les colombophiles cherchent à recruter. Chez les femmes par exemple. « Il y a 800 femmes colombophiles au niveau national. » Chez les jeunes aussi : « On a déjà installé quatre ou cinq pigeonniers dans des écoles du Pas-de-Calais. » Il y a aussi l’université colombophile qui devrait voir le jour du côté de l’Artois, en 2008-2009, histoire notamment de percer les secrets du sens de l’orientation extraordinaire des pigeons. Il y aura aussi le colombier du Louvre-Lens, la course de pigeons Louvre-Paris - Louvre-Lens et même un spot TV que le conseil régional devrait financer… au moins en partie.
« On veut développer les petits pigeonniers. Quelqu’un qui veut jouer à pigeon, il vient, il se présente. Généralement, on lui offre une dizaine de pigeonneaux, du petit matériel et des conseils. Avec un abri de jardin à 250 E, il peut se lancer. » et voler de ses propres ailes.  •   > Congrès national au Sportica de Gravelines. Entrée libre et gratuite de 9 h à 18 h aujourd’hui, de 9 h à 16 h  30 demain.