L'abbé Bouly, curé d'Hardelot et « premier radiesthésiste du monde »
Il y cinquante ans jour pour jour – le 29 janvier 1958 – s’éteignait à
Condette « le premier radiesthésiste du monde », Alexis Bouly.
Radiesthésiste, sourcier et curé : « le seul prêtre du diocèse d’Arras cité
dans le Quid » soulignait en 1995 le chanoine Léon Berthe, lors
d’une communication donnée à l’Académie des sciences, lettres et arts d’Arras.
La vie de l’abbé Bouly, globe-trotter, conférencier, fut exceptionnelle. Il
soignait les âmes et les corps… avec des plantes : « l’arrêt d’autobus près
de chez lui à Condette était devenu l’arrêt des tisanes », raconte J.
Douard-Lotillier dans un article publié dans le numéro 64 de Généalogie 62.
Né à Condette le 11 décembre 1865, Alexis Bouly fréquente le petit séminaire de
Boulogne puis le grand séminaire d’Arras. Ordonné prêtre en 1890, il enseigne à
Béthune (Saint-Vaast), reprend des études à la Sorbonne, exerce au collège
Saint-Stanislas de Boulogne dont il devient le supérieur. Curé de Wirwignes en
1909, il est désigné le 1er août 1910 pour desservir Hardelot, hameau
de Condette érigé en paroisse. Hardelot-Plage que sir John Whitley, propriétaire
du château, ami du curé et homme d’affaires, veut transformer en station
balnéaire de haut rang.
L’abbé Bouly devient sourcier en 1913, initié par un jeune géologue. « La
baguette tournait mieux avec moi qu’avec lui. » Le curé d’Hardelot
intervient alors pour le forage de plus d’une centaine de puits ; sa réputation
grandit, notamment en 1922, année de sécheresse. Utilisant la baleine d’un vieux
parapluie, il trouve l’eau, indique son débit, sa profondeur, sa qualité ! Après
la Première Guerre mondiale, l’étonnant curé pratique aussi la recherche des
métaux ; le ministère de la guerre faisant appel à ses dons pour désamorcer les
obus en Champagne, dans l’Aisne, dans la région d’Arras… Métaux encore, l’abbé
Bouly explore des gîtes de minerai de plomb, de cuivre. Entre 1925 et 1930, il
se concentre sur la recherche des microbes et des radiations humaines. « À
la faculté de médecine de Lille, à l’hôpital de Boulogne, on ne m’a jamais dit :
‘Vous êtes dans l’erreur’, mais toujours : ‘C’est bien notre
diagnostic’. »
L’abbé Alexis Bouly est indéniablement l’inventeur dès 1890 du mot «
radiesthésie » (raius : rayon en latin et aisthêsis : sensibilité en grec) ; mot
officialisé en 1929 lors de la création de l’association française et
internationale des amis de la radiesthésie. « La science des ondes est la
science de l’avenir. Dans vingt ans, elle aura projeté ses lumières dans des
domaines où les investigations actuelles sont excessivement limitées »,
conclut le curé d’Hardelot dans une conférence donnée en 1928.
De 1930 à sa mort, l’abbé Bouly semble reconnaître les limites de la
radiesthésie ; il suit de très près les travaux des physiciens, géologues… Mais
plus que jamais, il participe à la recherche des forages de puits. Il se
concentre également, jusqu’à ses derniers jours, sur la recherche des microbes,
le diagnostic et la guérison des maladies. Des milliers de personnes, venues de
France, de Belgique, d’Angleterre viennent le consulter chez lui ! Dans un autre
domaine, le curé crée un petit musée retraçant l’histoire du Boulonnais. Sa
bibliothèque est immense, comme sa curiosité. En 1934, il a acheté le château d’Hardelot,
la propriété revenant aux Sœurs de Sainte-Agnès. Érudit, populaire, humble et
« prêtre d’abord », comme le rappelait le chanoine Berthe. Une vie
exceptionnelle simplement évoquée dans le parc du château d’Hardelot par un
bronze scellé sur un socle de pierre.
Sources : Généalogie 62, revue trimestrielle de l’Association
généalogique du Pas-de-Calais ;
Mémoires de l’Académie des sciences, lettres et arts d’Arras : 6e
série, tome V, 1991- 2006 (20 euros, en vente aux Archives du
Pas-de-Calais, à la librairie Privat-Brunet à Arras et à l’Office culturel
d’Arras).